Entre les années 1930 et 1980, le fleuve Bénoué a contribué significativement au développement socio-économique du grand Nord Cameroun et du Tchad à travers les exportations des produits agricoles (coton, arachide, riz, …) en occident via le Nigeria et les importations des produits divers (ciment, sel, carburant, lubrifiants, intrants agricoles…) qui étaient assurés par les grandes sociétés (SODECOTON, SEMRY, SEMNORD, CotonTchad, SABC,….). En outre, la construction du barrage sur le fleuve Bénoué à Lagdo a permis de satisfaire depuis 1984 les besoins du grand Nord en énergie électrique et la production du poisson qui est vendu au Cameroun et au Nigeria.
Ce trafic sur la Bénoué a commencé à perdre en intensité avec l’ouverture des axes routier et ferroviaire concurrents (Garoua-Ngaoundéré-Yaoundé-Douala, Ngaoundéré-Foumban-Douala et Ngaoundéré-Bertoua-Yaoundé-Douala) par lesquels les exportations et importations revenaient moins coûteuses aux acteurs. La chute du trafic s’est poursuivie avec la construction du barrage de Lagdo qui a réduit la profondeur d’eau pour la navigation en aval en saison sèche et aussi l’ensablement du fleuve (qui empêche la navigation) suite à l’érosion et aux pratiques agricoles non-durables.
Dans le cadre de ses missions d’identification et de planification des actions de développement de la région du Nord, la MEADEN a initié la présente étude pour déterminer d’une part, les caractéristiques hydrologiques, écologiques et environnementales qui sous-tendent actuellement la navigation sur le fleuve Bénoué et pour établir d’autre part, les caractéristiques des échanges commerciaux qui permettront d’éclairer les décisions de réinvestissement pour la relance du trafic sur la Bénoué.